[Hello there, oui ça fait un bail et
c'est un peu hors-sujet mais en même temps non, Florence Welch se
dit féministe après tout ! Je sais, il vaut mieux ne pas compter sur
les stars pour aborder ces sujets généralement parce qu'elles ont
tendance à dire des bêtises et avec l'influence qu'elles peuvent
avoir c'est parfois dangereux. Il n'est jamais bon de mettre quelqu'un sur un piédestal mais j'ai envie d'admirer Florence Welch
et sa musique encore longtemps, donc hors-sujet mais hors-sujet qui
fait du bien.]
Mon cœur était en miettes ce jour-là,
si bien que je me suis plusieurs fois demandée si j'allais trouver
la force d'aller à ce concert. J'ai bien fait de sortir, ne
serait-ce que pour prendre l'air et m’essouffler en marchant sans
m'arrêter pendant des heures. Je savais que j'allais me perdre mais
je crois que c'est justement ce dont j'avais besoin (salut à toi,
utilisateur de smartphone à qui ça n'arrive plus).
L'idée de voir et d'entendre Florence
Welch s'est mêlée aux autres pensées qui tournaient dans ma tête
et elle s'est fixée, elle a fait s'emballer mes battements et j'ai
laissé tout le reste sur le bord de la route, docilement guidée par
de vagues échos.
J'emprunte des routes inconnues dont je
cherche les noms, je longe la rivière, je m'abrite un instant de la
pluie sous un pont et je reprends mon chemin contre le vent.
Je suis quelqu'un de calme en
apparence, la musique de Florence + the Machine ne me ressemble pas à
priori. Pourtant, elle me transforme et elle me parle, elle me raconte
des histoires et j'entends dans ses paroles la littérature et la
poésie dont je suis aussi faite. Aux heures passées minuit je
consacre parfois de folles danses comme des rituels, la musique
m'emporte complètement, je suis seule au monde, le volume à fond
dans les écouteurs (ne faites pas ça chez vous, je suis une
professionnelle du n'importe quoi).
J'arrive au stade vers 17h, les portes
ouvrent à 18h30. Il y a un peu de monde devant moi, je me demande si
je suis au bon endroit et finalement me voilà dans la file. On nous
place devant plusieurs portes, je me retrouve en 4ème position dans
l'une des files, sachant que de l'autre côté du stade il y a
d'autres gens qui attendent comme nous, je trouve que je m'en suis
bien sortie ! Je jubile en silence et je commence à m'appuyer
sur un pied puis sur l'autre, mes ampoules me font mal, je me demande
ce que tout ça va donner une fois à l'intérieur.
Derrière moi un groupe d'amis papote
de tout et de rien, la moyenne d'âge est la vingtaine, même si j'ai
pu constater par la suite qu'il y avait aussi des enfants et leurs
parents (je soupçonne les parents d'être les premiers concernés
mais je me trompe peut-être !) et des personnes un peu plus âgées.
J'aperçois dans nos rangs quelqu'un qui porte un t-shirt avec le
symbole des reliques de la mort, impossible de le rater. Une autre
personne un peu plus dans le ton porte celui de la tournée. Devant
moi une jeune femme seule garde un silence religieux, je suis un peu
soulagée de voir que je ne suis pas la seule à me déplacer sans
être accompagnée et j'observe son silence respectueusement. J'ai
hésité un instant à faire connaissance avec les fans qui
bavardaient dans mon dos mais... je n'étais pas d'humeur à taper la
causette.
Quand, SOUDAIN, une chevelure familière
se pointe dans les escaliers qui mènent aux files d'attente.
« Eh, mais c'est pas Florence ? »
La petite foule reste un instant
confuse avant de se précipiter vers la chanteuse venue nous saluer.
J'y vais ? J'y vais pas ? Le moment de doute n'est pas
permis, j'ai laissé passer mon tour pour garder ma place dans la
file, la personne devant moi a fait de même. Une autre fois
peut-être, je ne veux pas risquer d'être trop loin de la scène, je
suis petite et j'ai une mauvaise vue, il vaut mieux être prudente.
J'ai fait un grand signe de la main comme elle le faisait, j'ai quand
même vu ce visage d'une beauté sidérante afficher un large
sourire, elle n'est pas restée longtemps, c'était inattendu, « see
you later on that... there ! », a-t-elle dit en désignant
le stade. Le groupe derrière moi s'est demandé si elle avait bu, je
ne pourrais parier là dessus mais j'ai eu l'impression qu'elle
communiquait simplement son enthousiasme comme elle pouvait, elle
était radieuse.
Je me prépare à courir, j'ai fait
plusieurs cauchemars dans lesquels j'étais incapable de voir la
scène, je fais toujours ces cauchemars avant un concert, c'est ma
phobie de petite femme à la vue désastreuse !
Les portes s'ouvrent enfin et on se
précipite à l'intérieur. C'est très mal éclairé et je ne vois
rien, je me trompe de chemin par deux fois et j'emprunte des
escaliers qui ne mènent pas au centre de la salle. Malgré le retard
que j'ai pris, je m'en sors plutôt bien, je ne vois pas toute la
scène mais je vois l'essentiel. A ma droite, un sosie de Taylor
Swift se vante « c'est l'avantage d'être grande, je vois
tout ! » pourtant elle fait un geste avec ses mains pour
signaler à sa copine qu'à la première occasion elle tentera de
passer devant. Ce ne sont que des détails bien sûr mais j'ai quand
même souhaité très fort un concert privé à ce moment là (et un
peu plus tard quand une bagarre a commencé dans mon dos ou quand une
nana a essayé de passer devant tout le monde « parce que c'est
un pari », ça rend facilement misanthrope).
Face à nous, une affiche porte le nom
du groupe choisi pour la première partie : The Staves.
Mes pieds n'en pouvaient plus, c'était
vraiment douloureux d'attendre dans cet espace vital limité, au
minimum une nouvelle heure d'attente cette fois. Derrière moi, des
gens se sont assis. Au final quand le groupe a fait son entrée, je
pense que je n'étais pas dans les meilleures conditions pour
apprécier ce que j'entendais. Je voulais voir Florence, le rythme
calme de la folk jurait avec les couleurs que j'avais dans la tête
mais une fois chez moi j'ai retenté l'expérience et ça a beaucoup
mieux fonctionné !
Une demie-heure après la première
partie, je ne tenais plus en place. Et je ne parviens pas à trouver
les mots pour parler du concert. Cela fait des semaines que j'essaie,
mais je ne trouve pas, rien ne parvient à décrire ce qui s'est
produit comme ça s'est produit. J'ai quelques moments particuliers
en mémoire comme Cosmic Love pendant laquelle les mains de Florence
sont devenues des battements de cœur. Ce moment où elle nous a
demandé de nous prendre dans les bras les uns des autres, où je
n'ai pas bougé parce que je me suis dit que tout le monde n'aimait
pas forcément les câlins d'inconnus, mais où ma voisine de gauche
s'est collée à moi, et joue contre joue on regardait notre idole
courir, tourner sur elle-même et sauter partout. J'étais en transe,
vraiment, tout du long, je crois que je n'ai jamais vécu ça comme
ça pendant si longtemps. Intensité maximum, j'ai chanté à plein
poumons, tenté de toucher la main de la chanteuse, communiqué...
non, communié avec elle, les mains en l'air dans le rythme,
tremblante parfois, ailleurs que sur cette planète. Tout le monde
chantait autour de moi, il m'a semblé que pas une seule parole ne
nous échappait. Derrière moi, un « We love you Machine ! »
m'a fait rire, oui, on t'aime Machine ! On te kiffe grave !
Toi et tes poses christiques, tes airs de diva figée dans le temps
et le délire dans lequel tu nous as plongé, on en redemande, c'est
quand tu veux. Tant d'énergie, c'est un super pouvoir et il est
contagieux.
Le bus après le concert était en
retard, j'ai dû rentrer à pied chez moi et je me demande encore
comment c'était humainement possible après avoir sauté et dansé à
perdre la raison. C'était magique, indescriptible, ce qui se
rapproche encore le mieux de ce qui m'est arrivé c'est un album de
Florence + the Machine.
(Mon appareil photo n'est pas spécialisé en sujets aussi actifs que celui-ci, j'ai fait de mon mieux)